Cibler son lecteur (et donc son éditeur)

Tous les livres ne sont pas lus par tout le monde et même un gros lecteur ne lit pas tous les livres.

Cette phrase, bien qu’évidente, est pourtant très importante. Chaque livre a son type de lecteur.
Il vous sera difficile de faire lire un livre historique à un passionné de physique, un Savoyard trouvera peu d’intérêt dans une monographie angevine, et un lecteur de roman policier lira difficilement un recueil de poésie. Si ces stéréotypes connaissent des exceptions, il demeure que votre œuvre, aussi bonne soit-elle, ne plaira pas à tout le monde. Chaque lecteur a ses préférences.

Or, un éditeur s’oriente au fur et à mesure de ses publications, parfois même inconsciemment, vers un type de lecteur particulier. Votre manuscrit sera donc refusé par nombre d’éditeurs même si ceux-ci le trouvent très bon.
Il vous faut donc trouver votre type de lecteur, et de ce fait trouver les éditeurs qui vous conviennent. A la fois pour être édité, mais aussi (et surtout) pour avoir des lecteurs après avoir été édité. Pour le bien-être de chacun, auteur, éditeur, lecteur doivent être sur la même longueur d’onde.

Comment trouver son lecteur ?

C’est sans doute la tâche la plus complexe, et pourtant l’une des plus importantes. Il vous faut définir, le genre de l’œuvre, les particularités (par exemple : régionale, ou spécialisée dans un domaine), l’âge potentiel du lecteur, etc.
Pour cela, vous connaissez votre œuvre et vous pouvez définir quelques uns de ces aspects. Votre entourage en lisant l’œuvre peut aussi vous aider à définir qui l’a préféré, qui ne l’a pas comprise (enfant, parent, ami(e), conjoint, etc.). Mais là encore l’avis d’un professionnel peut-être le plus sûr.

Voici la liste des différents types d’ouvrages utilisée couramment chez les éditeurs (voir la liste). Vous pouvez l’utiliser pour classer votre oeuvre.

Pour simplifier, il existe deux grands types d’ouvrages : la littérature et le reste.

La littérature est en effet une partie un peu particulière de l’édition. C’est à
l’origine l’essence même de l’édition. Aujourd’hui elle ne représente que 19,2 % de la production, mais nombreux éditeurs n’éditent que de la littérature, et celle-ci demeure le symbole de l’édition.
Certaines catégories se rapprochent facilement de la littérature, et vivront par les mêmes médias, les mêmes éditeurs et autres salons. Il s’agit des essais, des mémoires, témoignages et autres biographies. Les ouvrages historiques, ou encore les
dictionnaires peuvent parfois y être rapproché.

Le reste de l’édition se divise dans les catégories présentées. Certains éditeurs se spécialisant dans un eou plusieurs catégories de livres, certains rapprochements ou particularités peuvent être présentés :
Les ouvrages scolaires sont une partie importante de l’édition (12,9 % de la production). Ils ont leurs éditeurs spécialisés, leur cercle de diffusion, et leur acheteurs définis et assurés.
Les ouvrages jeunesses étaient, il y a encore quelques années, la spécialité de quelques éditeurs. Ils s’agissait alors surtout des livres d’éveil, mais après les succès d’Harry Potter et autres livres d’épouvante, le roman pour enfant et adolescent est en plein essor et beaucoup d’éditeurs, notamment de littérature, les intègrent peu à peu à leurs catalogues.
La Bande-Dessinée est elle aussi un secteur un peu à part. Elle est l’unique spécialité de quelques éditeurs nationaux (Dupuis, Dargaud, Lombard, Soleil, etc.), et se trouve peu chez les autres éditeurs. Elle représente 5,9% de la production, et 10% des ventes. Elle a également son propre réseau de diffusion et distribution. Signalons également que ce secteur connaît une croissance rapide de l’édition de bande-
dessinée étrangère venue d’Asie (Mangas) et de l’Amérique du Nord (Comics).

Les autres catégories sont difficiles à regrouper. Elless peuvent donner lieu à des spécialisations chez les éditeurs (Religion et ésotésrisme, Médecine, Sciences pures, Apprentissage des langues, Beaux-Livres, Vie pratique, Guide touristique, etc.), où intégrer des catalogues beaucoup plus généralistes (histoire, reportage, humour, tourisme, géographie, dictionnaire, etc.)

Comment trouver son type d’éditeur ?

Définissez le genre de votre manuscrit.
Il s’agit d’abord de fixer votre ouvrage selon les grandes catégories (littérature, scolaire, jeunesse, ou autres spécialités...) Cette étape est des plus simples et ne demande aucune question.
Ensuite, selon cette grande catégorie vous aurez, ou non, à préciser un type particulier. Là encore servez-vous de la liste proposée. Si c’est un roman, définissez-le en temps que roman contemporain, policier, sentimental, science-fiction. Il s’agit vraiment de traits particuliers pour être considéré d’un genre précis. Les plus courants sont les romans contemporains, qui regroupent en fait tout ce qui n’est pas classé dans les autres types (précisions que le roman classique, correspond à toutes les romans écrits avant 1945). Pour un policier, il doit y avoir l’ambiance polar, une enquête, des personnages marqués, etc (il ne suffit pas d’avoir un crime, ou un inspecteur de police en héros principal). Pour la science-fiction, il vous faudra un spatio-temporel hors-normes, du suspens, mystères et autres fantastiques, etc.

Dans tous les cas, romans ou autres (tourisme, mémoires, recherche, etc.) les traits et caractéristiques doivent être vraiment marqués pour être considérés comme un ouvrage de catégorie particulière. Si vous ne trouvez aucune caractéristique particulière, classez votre ouvrage dans les catégories générales.
Précisons aussi, que toutes les spécialisations ne sont pas forcément préséntées ci-dessus, vous pouvez en sortir pour des ouvrages très marqués, par exemple des ouvrages d’archéologie, des monographies, folklore, marine, militantisme, musique, etc. (en particulier les ouvrages concernant les arts, qui sont regroupés sous l’appellation Beaux-arts, mais qu’il est bon de préciser)

Votre ouvrage peut avoir d’autres particularités qu’il est bon de connâitre et de mettre en valeur.
Il arrive parfois que l’œuvre puisse s’inscrire plus précisément dans une région géographique française, de par les lieux, mais aussi les personnages, les thèmes, etc. Cette particularité régionaliste est à mettre en valeur quand elle existe car les éditeurs régionaux apprécient ce type d’ouvrage.
Il peut aussi s’agir d’une particularité sociale, définie par un milieu précis (les mines, l’hôpital, le cirque, la marine, etc.), ou du héros, par lequel on découvre une passion (le cheval, la magie, les plantes, etc.) ou un métier (oenologie, agriculteur, etc.), ou autres. Cette particularité sera suceptible d’interessée un type de lecteur particulier.

Le lecteur se définit aussi par l’âge, sans le savoir votre style correspond peut-être plus à un lectorat jeunesse, adolescent, trentenaire, ou plus ancien. Il est bon d’en être conscient afin d’éviter quelques erreurs (si votre lecteur est un jeune de 18 ans, certains termes ou expressions vieillissantes seront peut-être à éviter). Cibler la classe d’âge de votre lecteur type vous ouvrira peut-être d’autres horizons, et
d’autres types d’éditeurs.

Définir ces aspects et trouver son type de lecteur vous permettra ainsi :
- de modifier légèrement votre manuscrit pour le faire correspondre au mieux à votre lecteur.
- de trouver les éditeurs correspondants à votre type de lecteur. Cette tâche est parfois assez facile, lorsque le lectorat est très caractérisé (exemple avec les éditeurs scientifiques, ou les éditeurs de poésie), mais souvent il s’agit d’un travail de fond.

Il est très intéressant de savoir jouer sur les particularités de votre ouvrage. Beaucoup d’éditeurs ont des spécialités dans leur catalogue, et sont parfois demandeurs d’un certain type d’oeuvre. Après avoir caractérisé votre ouvrage, recherchez les éditeurs correspondants à celui-ci.
S’il s’agit d’un ouvrage général, adressez-vous aux éditeurs concernés par votre grande catégorie, et évitez les éditeurs spécialisés (un éditeur de poésie refusera
forcément votre livre sur les visites bordelaises).
En revanche si vous avez défini, et travaillé, une spécialité pour votre oeuvre, adressez-vous aux éditeurs de cette spécialité, ou incorporant cette spécialité dans leur catalogue. Ainsi pour un ouvrage de poésie, adressez-vous aux éditeurs ayant une collection de poésie à leurs catalogues. Pour un ouvrage touristique, aux éditeurs spécialisés dans le tourisme. Pour un roman gravitant dans le monde de la marine, adressez-vous à un éditeur spécialisé dans les ouvrages maritimes (même s’il n’a pas de roman à son catalogue).
Si les éditeurs spécialisés refusent votre manuscrit, vous pourrez toujours
retourner auprès des généralistes, en fonction du type d’ouvrage (roman, science, histoire, etc.) et de votre localisation (cherchez dans votre région).

Conseil
Pour trouver l’éditeur qui vous convient, et qui puisse être interessé par votre manuscrit :
- Regardez son catalogue et vérifiez qu’il corresponde à la catégorie de votre ouvrage,
- Étudiez le nombre de titre édités par an dans chaque type d’ouvrage (plus il édite d’ouvrages plus vous aurez de chance !).
- Étudiez son mode de sélection (comité de lecture, agent littéraire, coup de cœur de l’éditeur, etc.), etc.

Il ne sert à rien d’envoyer votre manuscrit à tous les éditeurs de France et de Navarre, une grande partie ne correspondra même pas à ce que vous recherchez.
Finalement adaptez-vous à l’ensemble et acceptez les règles du jeu. Trouvez
l’éditeur (ou les éditeurs) qui vous convient, et séduisez-le.