Les groupes éditoriaux français

La France, pays des Lumières, a sans doute une certaine culture et un attachement particulier aux métiers du livre et à l’édition. Aujourd’hui il existe une multitude de maisons d’éditions en France, mais il est très difficile d’en donner un chiffre exacte car aucune n’a le même profil et un gouffre énorme existe entre les maisons créées par des passionnés, éditant moins d’un titre par an, et les géants de l’édition, arrivant à des millions d’Euros de chiffres d’affaires.
Actuellement, l’édition française a vu se regrouper ces grandes maisons en de grands groupes, financés par des capitaux totalement étrangers à l’édition et à la culture. Ces groupes détiennent le monopole sur la production, la distribution, la médiatisation, et donc les ventes.

Les groupes éditoriaux en France

Depuis quelques années, la majeure partie du chiffre d’affaires de l’édition se concentre autour de quelques groupes éditoriaux.
Ces groupes developpent une concentration horizontale (par le rachat des maisons d’éditions) mais aussi verticale (en étant présents sur toute la chaîne du livre, de la réalisation à la promotion, en passant par la distribution).

Le groupe Hachette a réalisé à lui seul un chiffre d’affaires de 1 431 millions (soit près de 50% du total de l’édition française). Hachette est aux mains du groupe Lagardère, autrefois impliqué dans Matra, et contrôlant par exemple aujourd’hui EADS, géant de l’aéronautique et des industries d’armement.

Dans le domaine de l’édition, Hachette contrôle : Hachette, Grasset, Lattès, Calmann-Lévy, Stock, Fayard, Hatier, Dalloz, Armand Collin, Larousse, Mille et une nuits, Editond du Chêne, Pauvert, Mazarine, Hazan, Marabout, les Guides bleus, Didier, Dunod, Le routard, Harlequin, le Livre de Poche, ...
Le groupe Lagardère possède aussi 56 titres de presse, dont Paris Match, Télé 7 jours, Première, Pariscope, Elle, Corse Presse, Nice-Matin, etc. Il possède aussi Europe 1 et Europe 2, RFM, et les télévisions Canal J, Match TV, MCM, etc.
Hachette est aussi surtout présent dans la distribution et la diffusion du livre, avec les relais H, Virgin, les Furet du Nord, les maisons de la presse, et la société de diffusion et distribution, Hachette Livre, ou Hachette Diffusion, Hachette Distribution.

 

Le groupe Éditis a été formé à la suite de la crise Vivendi-Universal-Publishing, qui détenait l’autre partie de l’édition française. Hachette racheta la partie édition de ce groupe, mais la Commission européenne demanda la rétrocession pour éviter la situation de monopole, formant ainsi Editis. Ce groupe réalise 717 millions de chiffre d’affaires. Il appartient au groupe Financier De Wendel, que dirige le Baron Antoine Seillières. Groupe détenant de multiples entreprises, notamment dans les secteurs de la sidérurgie et de l’industrie.

Le groupe détient les éditions : La découverte, Solar, Belfond, Les Presses de la Cité, Plon, Perrin, Robert Laffont, Juliard, Nil, Pocket, 10/18, Nathan, Le Robert, Fleuve Noir, Bordas, Retz, Orban, Le Pré aux Clercs, Omnibus, Acrolpole, Langues pour tous, Seghers, Les Presses de la Renaissance, Rouge et Or, Clé International, et récemment Le Cherche Midi, ...
Il possède aussi sa structure de distribution : Interforum. Mais contrairement à son concurrent pas de grande marque de diffusion.

Le groupe La Martinière à l’origine maison familiale et aujourd’hui contrôlé par les frères Wertheimer, financiers qui contrôlent Chanel, et le groupe l’Oréal. Le groupe La Martinière a aussi pour actionnaire Chicago Tribune, détenant aussi un monopole éditorial outre-atlantique.
Le premier gros rachat de La Martinière fut le Seuil, et le groupe est parfois présenté sous le nom, Le Seuil-La Martinière. Il réalise aujourd’hui près de 300 millions de Chiffre d’Affaires.

Il possède : Les éditions La Martinière, Le Seuil, Les éditions du Sorbier, Minerva, L’Olivier, la Baleine, les Empêcheurs de penser en rond, ...
Il possède aussi (et surtout) la société de distribution Volumen, qui distribue et diffuse Les éditions Minuit, Christian Bourgeois, José Corti, Autrement, Textuel, Liana Lévi, et beaucoup d’autres.

Le groupe Flammarion, racheté par le groupe de presse Italien Rizzoli, réalise 228 millions. Il contrôle : Flammarion, Aubier, Casterman, Arthaud, Pygmalion, Champs, Castor, J’ai Lu, Librio, ... et a de fortes participations dans Acte Sud, qui de son côté a repris en 2005 les éditions du Rouergue.

Gallimard, appartient toujours à la famille Gallimard, qui a finalement racheté la totalité de ses parts. Outre les éditions qui lui sont rattachées depuis longtemps, comme Denoël ou Le Mercure de France, Gallimard contrôle aussi POL, la Table Ronde, Quai Volatire, Joëlle Losfeld, ...

D’autres groupes participent à cette marchandisation de l’édition, tels Albin Michel (Magnard, Millepage, Circonflexe, et le distributeur Dilisco), Média participations (plusieurs éditions chrétiennes, Dargaud, Fleurus, Dupuis), Reed Elsevier (Masson), et le groupe allemand Bertelsman qui contrôle France Loisirs et qui détient le Grand Livre du Mois, ou encore le groupe des laboratoires Fabre qui a repris Privat, et donc Le Rocher et le Serpent à Plumes...

Les chiffres, et les listes, présentés ci-dessus, évoluent rapidement, du fait que ces groupes peuvent acheter et revendre certaines de leurs éditions, afin de réaliser des profits, de racheter d’autres éditions, ou simplement de changer de secteur d’activité.
Il est étonnant de voir l’édition française partagée entre ces groupes financiers, parfois fabricants à la fois d’armes et de livres scolaires. Sans rentrer dans la polémique sur les bienfaits et les malfaits d’un tel partage, certains constats sont indéniables. D’abord le livre est, aux yeux de ces groupes, un investissement financier, qu’il faut amortir. Le but n’est pas de publier des oeuvres de qualité mais des livres qui se vendent (l’un n’empêchant pas l’autre). Il est intéressant de voir ces groupes investir dans l’édition, qui n’est pourtant pas un des secteurs les plus rentables. Mais il est indéniable que l’édition conserve une image assez noble, liée au développement de la culture, des nouvelles idées, et de la communication, notamment lorsqu’elle est associée financièrement à la presse, aux radios, à la télévision, et bientôt aux télé-communications.

Malgré tout, nombre de ces maisons restent de qualité, et continuent de disposer d’une certaine liberté dans leurs décisions éditoriales. Elles savent éditer des oeuvres de qualité, et repérer les nouveaux talents, qui plairont aux lectorats d’aujourd’hui, ...
Mais par souci de rentabilité, elle délaisse certaines catégories d’ouvrages, qui permettent souvent à d’autre éditeurs, appellés éditeurs indépendants, ou petit éditeurs, d’exister.